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dimanche 15 avril 2007

vendredi 13 avril 2007

LA FRANCE BOUGE + VITE QUE SON ETAT,MAIS NOUS FRANCAIS D'AILLEURS,NOUS DEVONS L'AIDER A DECLENCHER SA REVOLUTION POUR:EVOLUTION ET CHANGEMENT
La France coupée en deux ? La frontière, par où passe-t-elle véritablement ? Entre la droite et la gauche ? Cette division-là n’est plus évidente. Considérons les programmes des principaux candidats à la prochaine élection présidentielle : les similitudes entre eux sont aussi fréquentes que les contradictions. Et une ressemblance l’emporte : la passion de l’Etat. À droite comme à gauche, à des degrés divers, tous estiment qu’il appartient à l’Etat de résoudre tous les problèmes : à chaque question, ils proposent une solution par la loi. Pas par l’initiative privée, rarement par le marché. Etrange obstination de croire que les lois résolvent les questions économiques et sociales : depuis vingt-cinq ans, chaque gouvernement a créé un nouveau dispositif légal d’aide à l’emploi des jeunes sans qu’il en résulte la moindre baisse de chômage chez les jeunes. Mais ces lois ont bien généré une bureaucratie chargée d’administrer tous ces dispositifs inutiles. Ce que l’Etat fait mal, les régions le recopient : l’Ile-de-France propose aux entreprises six cents, oui six cents, dispositifs d’aide économique. On devine combien de fonctionnaires sont nécessaires pour gérer ces six cents formules. Mais combien d’entreprises se sont-elles créées en Ile-de-France grâce à elles ? La région en question ne sait pas répondre (1). Il n’empêche que les candidats, tous, tiennent à la majesté de l’Etat, au maintien voire au renforcement du pouvoir du chef de l’Etat, pouvoir déjà gigantesque, une quasi-monarchie élue, sans équivalent dans aucune autre démocratie. Ségolène Royal veut modifier la Constitution mais « sans modifier les prérogatives du chef de l’Etat » . Et tous les candidats contestent les institutions supranationales, la Banque centrale européenne et l’Euro qui – par bonheur pour les Français- réduisent les marges de manœuvre de l’Etat. Qui a déclaré qu’il fallait « mettre l’Euro au service du travail et des travailleurs » ? Arlette Laguillier, Ségolène Royal ? Non, c’est Nicolas Sarkozy. Aucun ne s’en prend au statut immuable de la fonction publique, à la forteresse de l’Education nationale. Aucun ne s’interroge trop sur le rôle de la puissante armée française dans le monde. Pas un n’envisage de se défaire des palais des ministres ou des préfets, ni même des sous-préfets, et d’installer les gouvernements ou la haute fonction publique dans des bureaux qui seraient juste fonctionnels. Aucun candidat, pas même ceux qui s’émeuvent du déficit public, ne propose de réductions significatives ni précises des dépenses de l’Etat. Aucun n’envisage de supprimer des administrations qui ne servent plus à rien et existent toujours, le Commissariat au Plan ou la Délégation à l’aménagement du territoire par exemple. Aucun n’observe que les sous-préfets n’ont plus rien à faire ou que le ministère des Finances conserve les mêmes effectifs qu’il y a vingt ans, avant l’informatique et avant l’Europe. Quel que soit le résultat de cette élection présidentielle, les prérogatives de l’Etat, son absolutisme, devraient rester intactes. Même avec Sarkozy. Car le plus libéral des candidats, sur les marches du Palais, se révèle peu libéral. S’il le fut, ses discours de campagne ne le sont plus : discours patriotiques et sécuritaires, rédigés par un certain Henri Guaino, cheval de retour, auteur en 1995, des discours d’un certain Jacques Chirac. Chirac, qui récemment, déclarait au journaliste Pierre Péan (2) : « Le libéralisme, comme le communisme, est une aberration de l’esprit, vouée à disparaître ». Chirac peut partir, rassuré : nul candidat ne se réclame du libéralisme, tous vouent au marché, à la mondialisation, à la société civile la même méfiance ; à gauche, c’est la haine, à droite la méfiance.Ces postures des candidats, en dehors du microcosme politique, ont-elles une véritable importance ? En réalité, tout se passe comme si la politique et l’Etat en France évoluaient sur un plateau distinct de la société. La société française, réelle, en dehors de ceux qui gèrent l’Etat et que l’Etat emploie (un quart des Français tout de même) évolue plus vite que l’Etat ; à très grande vitesse elle s’éloigne du discours étatique et de la distinction droite gauche. S’il existe bien deux France, la France coupée en deux, opposons ici la France entreprenante et la France d’Etat.L’élection désignera celui ou celle qui va s’approprier la France d’Etat ; la France entreprenante est ailleurs.Cette France entreprenante a épousé notre époque, elle est mondialisée ; la France d’Etat reste figée dans le marbre de l’Histoire. Les candidats s’émeuvent de la mondialisation ? Mais un quart des Français travaillent pour l’exportation, ils placent la France au deuxième rang mondial de l’exportation par habitant, après l’Allemagne : un Français exporte 60% de plus qu’un Américain (3). Les principales entreprises françaises, le CAC 40, sont mondialisées jusqu’à réaliser 80% de leur chiffre d’affaires hors de France : le rapatriement de leurs bénéfices et la distribution de leurs dividendes font vivre plusieurs millions de Français actifs et retraités. Il s’est créé, en 2006, 322 270 nouvelles entreprises, souvent unipersonnelles. Voici qui témoigne d’une conviction désormais majoritaire dans la société française : la prospérité personnelle passe par l’entreprise.Comme une illustration en creux de cette préférence pour l’entreprise, le nombre des candidats à l’Ecole Nationale d’Administration qui recrute les hauts fonctionnaires, ne cesse de diminuer : trente candidats pour une place il y a trente ans, cinq aujourd’hui. À Sciences Po, Paris, il y a trente ans, 100% des élèves interrogés en première année désiraient entrer à l’ENA ; moins de 10% l’envisagent aujourd’hui. Les autres ? Ils préféreraient « travailler dans une entreprise internationale ». Sciences Po qui, pendant un siècle, fut l’antichambre du pouvoir d’Etat, s’est métamorphosé en business school internationalisée.Sortons de France, voyageons : on est certain de rencontrer des « réfugiés fiscaux » et en plus grand nombre, des réfugiés économiques, des jeunes Français décidés à entreprendre ailleurs parce que l’excès d’Etat, chez eux, les en a dissuadés. Combien sont-ils ? Deux millions sans doute dont au moins cinq cent mille aux Etats-Unis. La plupart n’en restent pas moins français mais la société française ne coïncide plus avec le territoire de la France : elle est là où les Français se trouvent, au loin de la bureaucratie nationale.En France même, surgissent de la société et pas de l’Etat des stratégies de contournements de la bureaucratie. Voyez l’enseignement supérieur : les Universités et les grandes écoles persistent dans des programmes qui ne reflètent pas l’économie réelle. À côté et en dehors de cet enseignement public, se sont créées ce qu’un récent rapport de l’Académie des sciences morales et politiques(4) appelle « Les petites grandes écoles ». Extrêmement populaires auprès des étudiants, ces établissements privés, souvent gérés par des Chambres de commerce, préparent à tous les nouveaux métiers que les Universités, l’ENA ou l’Ecole Normale Supérieure ignorent parce qu’ils sont triviaux : le commerce, la communication, la publicité, le design, etc… Ces petites grandes écoles sont payantes, souvent onéreuses ; mais les étudiants et leur famille n’hésitent pas à investir dans des études qui débouchent toujours sur un emploi ; tout le contraire des universités gratuites et des grandes écoles qui au mieux, conduisent à la fonction publique. S’il fallait retenir un symbole de la société française qui change contre l’Etat bloqué, ces petites grandes écoles suffisent.Parmi les Français qui font bouger la France, signalons le rôle singulier des jeunes issus de l’immigration. On en connaît les désespoirs et les violences ; mais par-delà ces idées reçues et les images spectaculaires, visitons Marseille Nord, une ville arabe ou presque. Deux millions de Français venus d’ailleurs en ont fait une zone d’entreprises, artisanat, commerce, petite industrie, industrieuse et sans désordres majeurs (8). L’Etat ne s’en mêle pas, la mairie non plus : c’est quasiment une zone franche. L’islam qui y est pratiqué sous l’égide du Mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, est des plus tolérants ; le mouvement musulman qui y domine, l’Association des familles musulmanes, est libéral en religion et en économie.Ecoutons les rappeurs, cette voix de la banlieue, que décortiquent les sociologues et les politiciens avec l’espoir d’y trouver un message. Mais, comme l’explique Joy Sorman (5) dans un essai sur le groupe NTM, le rap émet du bruit, pas des messages ; ce qui est vraiment signifiant, c’est le comportement des rappeurs, chefs d’entreprise dès qu’ils le peuvent. « S’amuser tout en étant productif », dit JoeyStarr. « Le rêve d’un capitalisme heureux », c’est ça aussi le bruit de la « banlieue ». Au plus loin des débats sur la création ou pas d’un ministère de l’Immigration, le rappeur illustre le décalage spectaculaire entre ce que Jean-Pierre Raffarin appelait la France d’en bas et la France qui bouge.Envisagera-t-on une réconciliation entre ces deux France ? Comme raison d’espérer, on rappellera que la gauche et la droite en France sont moins extrémistes et opposées qu’elles ne le furent il y a vingt-cinq ans. Plus personne à gauche, en dehors du folklore gallo-trotskiste, ne réclame la nationalisation des entreprises ; à droite, plus personne ne réclame sérieusement le retrait de l’Union européenne. La gauche qui était marxiste est devenue social-démocrate sans l’avouer ; la droite qui était nationaliste est devenue assez libérale sans s’en apercevoir. On peut en déduire qu’à terme, la classe politique, la fonction publique, la nomenklatura évolueront vers un Etat moins interventionniste. Le philosophe Jean Baudrillard (6), paradoxal et prophétique, écrivait que » la France c’est l’Amérique, mais avec un sous-titrage ». Baudrillard signifiait par là qu’il n’existe pas trente-six formes de la modernité mais une seule dont les Etats-Unis, qu’on le regrette ou pas, figure l’avant-garde : la modernité « américaine », c’est le capitalisme plus l’Etat minimum. En France, le capitalisme ? En vingt-cinq ans, il a gagné un espace considérable : on aime ou pas mais c’est un fait. Exemple : nul n’imaginait, il y a vingt-cinq ans, privatiser Renault ; nul, aujourd’hui, n’envisage de renationaliser Renault. L’Etat minimum ou si l’on préfère la juste expression du sociologue Michel Crozier(7), l’Etat modeste, suivra-t-il ? Oui, parce que la France d’en bas n’acceptera pas indéfiniment qu’on lui confisque chaque année 54% de ses gains, contre 27% aux Etats-Unis, ou 43% en Grande-Bretagne. Que signifient ces grands écarts de prélèvement ? Les Britanniques seraient-ils moins bien soignés ? N’auraient-ils pas de service public ? En vrai, le poids de l’Etat dans nos sociétés ne reflète pas l’abondance ni la qualité des services mais leur mode de gestion et la liberté du choix des citoyens. Lorsque l’Etat recule, la qualité de la vie ne diminue pas, mais les citoyens deviennent plus libres de choisir la manière dont ils sont soignés, de choisir leur service public et de trouver plus facilement un emploi sur un marché du travail actif. Le gros Etat en France entrave l’économie mais plus encore, il s’oppose à la liberté de choix des Français : ce débat-là, pour l’instant, est esquivé mais la réalité finira par vous rattraper.
Publié par offshorebusiness sauvanet à 08:37
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