Fil InfoFrance

lundi 14 janvier 2008

Mauritanie, éthique et sang-froid

Je connais bien la Mauritanie, les mauritaniens, sa géographie et sa culture. Depuis plusieurs années, je la visite en tous sens lors de trop courts voyages. Tout comme au Souss et au Sahara Marocain,je suis viscéralement attaché à la vie de ce pays, aux multiples visages, aux assises fortes de son Histoire et de ses cultures.
Aujourd’hui, l’opprobre est jeté sur la Mauritanie pour des raisons difficiles à décrypter. Je ne minimise pas les faits qui ont servi de catalyseurs à cette déferlante d’information mais le tambour médiatique fût d’une violence inouïe, sans aucune mesure de la réalité. Nous avons tous été démunis, choqués et sans voix.
J’aurai préféré plus de discernement, de responsabilité, que l’on tienne également compte de l’avis des mauritaniens et de ceux qui connaissent réellement ce pays.
Certains opérateurs touristiques français ont crié au loup pour des raisons qui semblent dépasser l’entendement. Pourquoi ? Je ne suis pas certain, à ce jour, que les motifs sécuritaires en soient leurs seules motivations.
Lecteurs, amis voyageurs, je vous invite à ne pas céder à la psychose, à ne pas gommer d’un revers de main ce qui fait l’essence même de ce pays : la paix, la tolérance.
Solidarité, éthique et sang froid. Ne laissons pas le champs libre à la peur.
Et à trés bientôt,entre Nouadhibou & Nouakchott (fin Janvier début Février 2008 )

samedi 5 janvier 2008

LE VENIN DE LA DESINFORMATION FRANCAISE:les filtres & alambics de l'information Française sur le référendum du 02 décembre 2007 au Vénézuela

Qu’ils soient, à des degrés divers, plutôt hostiles ou favorables aux transformations en cours au Venezuela et à la politique suivie par le gouvernement de ce pays, ou même plus ou moins indifférents, les lecteurs-auditeurs-téléspectateurs français sont-ils informés ou désinformés ? Et comment ?
Le traitement médiatique de la victoire du « non » au référendum constitutionnel du 2 décembre au Venezuela est un nouveau révélateur d’une information machinale, partisane et raréfiée, à l’instar de celle qui est filtrée par les dépêches de l’AFP ou distillée dans les alambics de Courrier International.
I. Les « filtres » de l’AFP et de ses copistes
Le 3 décembre 2007, une dépêche de l’AFP, titrée « Venezuela : séisme politique après le non au référendum de Chávez », « tombe » à 8h 42 et donne le ton.
Abondamment reprise pour la presse, le plus souvent mot à mot et sans que cela soit dit, elle exhibe les motifs et les leitmotivs caractéristiques de la couverture médiatique du Venezuela. D’un côté, une tendance – pour le moins désinvolte - à la sélection dans le choix des informations jugées utiles au lecteur, quitte à en oublier certaines. De l’autre, une grille d’interprétation à peine masquée qui orchestre avec insistance les bribes d’information.
Reprenons, dans cette dépêche de l’AFP (qui comprend aussi quelques informations factuelles et des propos rapportés), les thèmes de la petite musique qui accompagne et ponctue l’information factuelle au risque de la rendre presque inaudible.
« Un séisme politique a ébranlé le Venezuela, lundi, après le camouflet reçu par le président Hugo Chavez, dont la réforme phare, visant à fonder un Etat socialiste, a été rejetée lors du référendum de dimanche. […] Connu pour ses diatribes virulentes contre les Etats-Unis, cet ancien officier putschiste de 53 ans a reconnu avec calme sa défaite, en admettant la "tendance irréversible" du scrutin. […] L’annonce de sa défaite a aussitôt suscité des scènes de liesse et d’embrassades dans les rues de Caracas, où les sympathisants de l’opposition ont tiré des feux d’artifices. […] Le projet de révision constitutionnelle avait pour but de renforcer les pouvoirs de cet ancien officier putschiste de 53 ans, en lui conférant le droit de se présenter indéfiniment à la présidentielle et de censurer la presse en situation de crise. Proche allié de Cuba et de l’Iran, le régime vénézuélien voulait en outre inscrire dans la loi fondamentale l’établissement d’une économie collectiviste, interdisant les privatisations et supprimant l’autonomie de la Banque centrale. »
Que s’est-il passé le 2 décembre au Venezuela ? En substance : « Un ancien ancien officier putschiste de 53 ans, proche allié de Cuba et de l’Iran– Hugo Chávez -, qui voulait réformer la constitution du pays pour pouvoir être élu indéfiniment et censurer la presse en cas de crise, mais aussi pour instaurer un Etat socialiste et un économie collectiviste, a reçu un camouflet. » Une synthèse que les meilleurs copistes (par exemple La Voix du Nord, Paris Normandie et Les Dernières nouvelles d’Alsace du 4 décembre) reproduisent fidèlement et les autres à peine moins.
1. « Un ancien officier putschiste de 53 ans »
Vous évoquez « Hugo Chávez » ? Précisez immédiatement et rituellement : « ancien officier putschiste de 53 ans ». Et plutôt deux fois qu’une… comme on peut le lire dans la dépêche de 540 mots de l’AFP, qui reprend à deux reprises l’expression toute faite qui tient lieu de fiche signalétique et de biographie. Certes, l’expression n’est pas fausse. C’est pourquoi, dans le même esprit, l’AFP ne manque sans doute jamais une occasion de présenter Nicolas Sarkozy comme un « ancien avocat ayant trahi Jacques Chirac en soutenant Edouard Balladur », Serge July comme un « ancien partisan de la guerre civile en France et de la nécessité de prendre les patrons en otage » ou Patrick Devedjian comme « ancien militant d’Occident » ? Mais le signe particulier de Chávez figure sur sa carte d’identité (sa fiche de police ?) médiatique depuis longtemps et plaît suffisamment pour que les copistes de l’AFP le reprennent : notamment le site du Nouvel observateur, Nouvelobs.com (2 décembre), dans les Dernières nouvelles d’Alsace et Paris-Normandie (tous deux le 4 décembre).
Effet de contagion ? L’erreur commise par Direct soir le 3 décembre (erreur qui ne sera probablement jamais corrigée par le quotidien) peut être lue comme l’aboutissement de cette surenchère condamnatoire. En effet, le journal de Vincent Bolloré présente Hugo Chávez comme un « ex-officier, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1999 ». [1] De fil en aiguille, l’homme d’Etat qui a été élu démocratiquement en 1998 – après avoir tenté un coup d’Etat en 1992 -, nous est présenté comme étant parvenu au pouvoir par la force… en 1999. Il n’en est, bien évidemment, rien [2].
Lire l’article http://www.acrimed.org/article2781.html

FELIZ ANO 2008 HEUREUSE ANNEE 2008