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mardi 5 février 2008

CAPITALISME ou ETATISME ?...........

de Monsieur Claude Moniquet:
"L’atmosphère d’hystérie collective qui semble s’être emparée des médias et de
certains politiques – jusqu’au président de la République – dans l’affaire de la Société
Générale a de quoi inquiéter. Elle révèle, en effet, deux des principaux aspects du mal
français : la croyance dogmatique dans l’omniscience et le rôle bienfaisant de l’Etat et
la volonté de celui-ci de se mêler de tout, y compris de ce qui ne le regarde pas.
Qu’on nouscomprenne bien : nous déplorons, comme toute personne raisonnable,
l’enchaînement de circonstances qui aurait permis à un trader de la Société Générale
de faire perdre 5 milliards d’Euros à la banque. Mais nous voudrions revenir à
quelques fondamentaux. Le premier d’entre eux devrait être le plus simple: Jérôme
Kerviel est innocent jusqu’à ce qu’un tribunal l’ait, définitivement, reconnu coupable.
De ce fondement du droit pénal, les médias et nombre de commentateurs (y compris
dans le monde politique) semblent faire peu de cas.
Masi surtout, il est choquant de voir l’Etat, au plus haut niveau être pris
d’une sorte de danse de Saint-Guy purificatrice. Ainsi, quand le président
de la République appelle, à mots à peine couverts, le président de la
Société Générale, Monsieur Daniel Bouton, à « démissionner », il sort
nettement du rôle qui est le sien. La Société Générale est, jusqu’à preuve du
contraire, une entreprise privée, et les décisions portant sur sa gouvernance et
le contrôle de celle-ci ne relèvent donc, tant qu’aucun délit n’a été
commis, que de ses actionnaires qui, à 97%, sont privés (l’État ne contrôle que
2,03 % de son capital, directement via la caisse des Dépôts et Consignations, et
quelques miettes, indirectement, via la CNP).
Il y a, dans les propos du président, deux choses profondément dérangeantes.
Premièrement, ils témoignent de cette omniprésence d’un président de la République
qui, quel que soit la sympathie que l’on peut avoir pour lui, risque de fatiguer, de
s’user et de banaliser sa fonction à force de se mêler de tout et de rien et de dégainer
les déclarations plus rapidement que son ombre. Deuxièmement, ils mettent en
évidence la difficulté d’un homme comme Nicolas Sarkozy, qui a pourtant
été élu sur un programme « libéral » et « de droite », à se défaire de la
tradition étatiste française. Au point que l’on en vient à se demander si le
seul choix offert à nos concitoyens ne serait pas, en définitive, entre
l’étatisme de gauche et l’étatisme de droite.
Le rôle de l’État, dans le système capitaliste –qui, malgré ses nombreux défauts et
n’en déplaise à ses détracteurs, est le seul à ce jour à avoir fait ses preuves et à créer
de la richesse – est celui d’un arbitre: il est là pour appliquer la loi, assurer la sécurité
et maintenir les grands équilibres. Ni plus ni moins. Il nous semble qu’il y a en
France, aujourd’hui, assez de problème à régler – depuis la réduction et la
rationalisation d’une fonction publique pléthorique jusqu’à la régulation de l’inflation
d’une législation envahissante et souvent stérilisante, en passant par les adaptations
nécessaires qui rendront enfin sa compétitivité à un pays qui étouffe sur l’impôt,
l’assistanat généralisé et les archaïsmes de tout genre (dénoncé entre autres par le
courageux rapport Attali) – pour que le président de la République ait de quoi
occuper ses journées.
Réclamer la démission de Monsieur Bouton ou de tout autre responsable
d’une entreprise privée comme s’indigner du niveau de rémunération des
patrons et cadres français (qui ne sont pas parmi les mieux lotis du
mondemais sont en revanche parmi les plus taxés) relève du populisme.
Ce populisme étonne peu dans des médias, qui feraient mieux de balayer devant leur
porte avant de prétendre moraliser le monde.
Il est nettement plus désolant, en revanche, quand il vient du sommet de
l’Etat parce qu’il entretient l’idée fausse que l’Etat peut tout et doit tout
faire et assumer alors que le problème de la France nous semble être,
précisément, qu’il y a trop d’État."

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